Patrick Morand photographies nature et paysages

 

Filtres gris dégradés, HDR, mélange d'expositions etc

Quelques solutions pour photographier les scènes à fort contrastes

 

Depuis toujours, les photographes et plus particulièrement ceux de paysages sont confrontés à des scènes dont le contraste est supérieur à ce que peut enregistrer la surface sensible. Le cas le plus typique est sans doute celui de la photo de paysage avec un ciel totalement délavé.
Il est parfois possible de faire un choix, c'est à dire d'exposer la photo soit pour les hautes lumières, soit pour les ombres mais lorsque le contraste est vraiment fort celà conduit souvent soit à des ombres bouchées et/ou bruitées, soit à des hautes lumières brûlées.

Plusieurs solutions existent cependant.

Les filtres gris dégradés

Arc en ciel sur la Méditerranée
Filtres gris dégradés doux

Les filtres gris dégradés étaient sans doute la solution la plus utilisée à l'époque de la photo argentique mais ils restent tout à fait utilisables avec le numérique.Ils se présentent sous la forme de plaques de résine translucide que l'on place devant l'objectif. L'opacité de la résine varie selon un dégradé plus ou moins doux sur la hauteur du filtre. Si on le tient dans le sens habituel, le haut est nettement assombri alors que le bas est transparent.

Ces filtres permettent donc de compenser "naturellement" la forte différence d'exposition entre le ciel et le sol sur une photo de paysage. Ils sont gradués en fonction de la différence de densité entre la partie la plus sombre et la partie la plus transparente. Il existe plusieurs systèmes de graduation mais le plus utilisé est le suivant : 0.3 représente un IL, 0.6 représente deux IL, 0.9 trois IL et ainsi de suite.
La douceur plus ou moins prononcée du dégradé permet de s'adapter au relief du paysage. Aucun système de graduation n'existe vraiment pour quantifier le dégradé mais on distingue quand même les filtres doux et les filtres durs. Ces derniers sont parfaits pour les horizons absolument rectilignes alors que les filtres doux permettent bien de s'adapter aux reliefs montagneux.

Dans la photo ci-dessus, les filtres doux ont permis de conserver la densité du ciel d'orage, les couleurs de l'arc en ciel, les détails des rochers exposés au soleil tout en préservant les ombres du premier plan de tout bruit.

Le mélange d'expositions ou exposure blending

Crépuscule au Pradet près de Cap Garonne
Exposure blending ou mélange manuel de plusieurs expositions

Une autre solution qui vient assez vite à l'esprit pour s'affranchir du fort contraste de la scène à photographier est de réaliser plusieurs vues exposées différemment (classiquement trois, une pour les hautes lumières, une pour les tons moyens et une pour les ombres) et de les combiner pour arriver au résultat final. Le mélange peut être confié à un logiciel ou réalisé manuellement à l'aide de masques numériques.

Il est évident que pour que celà fonctionne bien les différentes vues utilisées doivent être rigoureusement alignées et que seule l'expérience du photographe permettra de choisir précisément le nombre d'images et les variatiions d'exposition à utiliser pour parvenir au résultat souhaité.

La photographie HDR

Nuages dans le ciel de Toulon
HDR réalisé avec le logiciel Photomatix

La photographie HDR est assez en vogue aujourd'hui mais elle est surtout connue (et parfois décriée) pour ses résultats hauts en couleurs en en contrastes.
Comme la technique précédente elle repose sur plusieurs expositions différentes de la même scène mais elle fait appel à un processus mathématique pour les combiner en une seule image à grande dynamique.
Cette véritable image HDR (High Dynamic Range) ne peut pas être affichée sur un écran classique et encore moins imprimée sur du papier. Pour en faire quelque chose d'utilisable il faut recompresser sa dynamique pour obtenir une image compatible avec ce que peuvent afficher nos écrans. Cette opération est nommée le Tone Mapping. Il existe différents algorithmes pour celà, tous munis de paramètres plus ou moins nombreux qui permettent de grandes variations sur l'aspect du résultat final. Je ne rentrerai pas ici dans des détails techniques mais celà fera probablement l'objet d'un de mes prochains articles.
L'un des logiciels les plus connus du grand public pour la photo HDR est certainement Photomatix que j'utilise très souvent. Je tiens cependant à indiquer qu'il en existe beaucoup d'autres dont Picturenaut qui est gratuit (mais les concepteurs acceptent volontier un don) et qui permet d'arriver facilement à des résultats au rendu très naturel comme dans l'image ci-dessous que vous pouvez comparer avec celle-ci réalisée à l'aide de filtres gris dégradés.

Après midi d'hiver dans la Plaine des Maures
HDR réalisé avec le logiciel Picturenaut

Pour conclure

Il n'y a pas de technique meilleure qu'une autre, tout dépend du résulat que l'on souhaite obtenir, du matériel dont on dispose et du temps que l'on est prêt à passer pour traiter ses images.
Signalons quand même que par nature la photo HDR ne convient pas vraiment aux scènes qui comportent des éléments en mouvement que les filtres dégradés ne sont pas toujours simples à utiliser avec des reliefs compliqués et qu'ils ne solutionnent pas non plus les problèmes rencontrés dans les prises d'architecture intérieure.